mercredi 4 avril 2012

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''Tu vas morfler tu vas pleurer, à en avoir le cœur lourd, les lèvres doubles, le nez rouge. Tu vas renifler, moucher, morver, gémir et pleurer sans plus de dignité. Tes yeux gonflés, tu vas errer en pyjamas, esseulée, incomprise et re-pleurer cette fois ci sans larmes, la réserve épuisée.
Tu vas dormir, de fatigue et de douleur et non pas d’envie, c’est ton corps qui va décider, seul.
Tu vas te réveiller lourde, moche et t’admirer devant ce miroir qui te criera : Larguée ! Rougeur autour de ta bouche, nez abimé par des mouchoirs usés et du papier wc. Tu vas te doucher et refondre en larmes, eau salé-eau calcaire, c’est le début de ton calvaire.
Tu vas vivre, comme un automate, manger un peu, boire beaucoup, essayer d‘oublier mais surtout ressasser.
On va te demander comment tu vas, et de ton « ça peut aller » on va tous savoir, on l’a tous traversé. Ce putain de chemin de croix, ce crève cœur de l’oubliée, de celle qui a été jetée. Et tu vas l’adorer, y repenser, l’aimer, espérer et un jour le détester.
Tu vas vivre et crier si fort que tu ne trouveras pas la voix pour le faire. A force de rugissement, tu vas cogner, te faire mal, faire dévier la blessure vers quelque chose de physique, un médecin te dira que c’est normal d’avoir mal, t’auras même une radio pour prouver que tu souffres.
Tu vas t’habituer, la grande douleur va baisser et laisser place au petit pincement, celui qui est quotidien, celui qui est traitre, ton compagnon de fortune, qui surgit la nuit dans ton lit ou le matin au réveil.
Comme t’es loin d’être une martyre, tu vas commencer à le combattre, ce petit poids, qui si on lui confère trop devient sa raison de ne pas vivre. T’auras envie de l’appeler, de lui dire que tout va recommencer. Mais la fille combative que tu es va prendre le dessus.
Tu vas te lever en te jurant de ne plus avoir les yeux gonflés, tu vas te laver et te maquiller. Tu vas faire tout ce que tu ne faisais plus et réaliser tout ce qui peut t’arriver. Tu vas te hâter et parfois t’impatienter de cette vie qui t’attends.
Tu vas gérer, avaler, cicatriser. Tu vas retrouver la mobilité, tu vas sourire, boire, être triste, rire, assumer. Tu vas être autre et te plaire. Tu vas plaire et te perdre à nouveau pour le cœur du nouveau, celui qui te fera rougir, jouir.
Tu l’as perdu lui, mais tu t’es gagné toi. Je crois que c’est ça avancer."
(Navie)



1 commentaire:

  1. Tu vas pleurer, souffrir et détester. Et un jour, tu te réveilleras et laissera ta haine dans ton lit pour offrir un sourire à tout ceux qui le méritent.
    Tu ne t'en rendra même pas compte, un matin tu auras juste envie de vivre, d'aimer à nouveau.
    Les gens reviennent, des excuses sous le bras et des regrets dans leur sac. C'est là que tu verras le chemin long et tumultueux que tu auras parcouru.
    Tu en sortiras, je te le promet.

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